Anecdotes musique & Neige

Le moment s’annonce exceptionnel. L’église catholique (on y a joué aussi) est presque trop pleine. La caissière est radieuse. Espace 2 a installé ses microphones, le concert est diffusé en direct à l’Heure musicale. Dans la salle, le pianiste Nikita Magaloff est venu de Château-d’Oex en Vespa 400. Comment a-t-il pu s’enfiler dans cette minuscule voiture et surtout, comment s’en est-il extrait ?

17h05, le speaker annonce : « Désolé, mais le concert n’aura pas lieu ». L’horreur !

Le Quatuor n’a donné ensuite qu’un seul concert puis s’est dissous.

La répétition va commencer. Le violoncelliste a oublié sa sourdine.

Solange Lugrin part aussitôt à la recherche d’une pince à linge en bois.

Ouf, le tour est joué !

Après-concert chez les Lugrin, les membres du Sextuor entrent dans le chalet. Ana Chumachenko voit les instruments dans le séjour.

– Vous allez nous jouer quelque chose !

Face à ces grands interprètes, on ne va tout de même pas se ridiculiser.

A la fin du repas, Ana insiste. Marcello Fagioni est au piano, Thierry Waelli au saxo, Jean Lugrin à la batterie, Wolfgang Melhorn, le violoncelliste, se met à la contrebasse et Oscar Lysy a pris son alto.

En partant, Ana nous prend les mains : Merci pour la musique ! A pleurer…

La chapelle anglaise est dépourvue de loges. Après la répétition, les musiciens se changent donc dans la salle. Le photographe attitré entre au moment où les musiciens sont torses nus. Le pianiste met vite son noeud papillon et s’installe au piano. Le moment est immortalisé !

Après-concert chez les Lugrin, comme d’habitude. Les spaghettis de Thierry Waelli sont excellents. Panne d’électricité ! On allume une bougie. Paul Coker se précipite vers le vieux Steinway et interprète … la Sonate au Clair de lune !

La chapelle anglaise est bondée ; les membres du trio sont installés. On perçoit des bruits venant de la patinoire. Les musiciens attendent et Raphaël Oleg annonce : – J’aimerais quand même savoir qui va marquer le but !

Quelques concerts précédents, une autre pianiste râle (c’est très rare à MN !), le piano ne va pas et il est mal accordé. Le fournisseur de l’instrument nous avait préalablement avertis. Elle est entrée avec une horrible robe rouge et elle a très mal joué. En revanche, Mihaela, quelques pointures en-dessus, demande, à la fin de sa répétition, s’il y a un endroit où elle peut se retirer.

– Ma pauvre, il n’y a qu’un autre local, c’est la chaufferie et il y a juste un tabouret.

– C’est parfait ! Rétorque-t-elle. Mihaela a très bien joué.

Pour les trente ans du Festival, un Grand Ami a offert un feu d’artifice. Le concert a lieu à la Maison des Congrès.

Une dame demande : – en cas de mauvais temps, comment cela se passera-t-il ?

– On fera le feu d’artifice à l’intérieur de la salle !

A ce concert-là, on remarque un auditeur qui a une tache de naissance sur le cuir chevelu, la même qu’un certain Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev. Ce n’est pas un sosie, c’est bien lui !

Quelques concerts plus tard, un homme est assis au premier rang de la galerie. Ma voisine anglophone me dit : – qu’est-ce qu’il ressemble à Keanu Reeves. Mais non, Chère Madame, c’est bien lui ! Eh oui …

Sir Peter a de la peine à se déplacer. Il est soutenu par Thierry Waelli. Ils entrent dans le temple par la porte latérale ; Sir Peter s’assied sur le banc du premier rang et durant un moment, il fait l’orgue. Physiquement atteint, mais la tête va plutôt bien !

Cent-cinquante personnages migrent dans quatre wagons entièrement refaits par les bénévoles des TPC. Certains visiteurs ressortent de là les yeux pleins de larmes !

Werner Güra, grand ténor, mais distrait, a oublié ses bretelles. C’est le président qui devra tenir ses propres pantalons à la main, heureusement, pas durant le concert !

Ce soir, dernier concert de la tournée européenne. Les Ladies of Song sont accueillies à Aigle par des membres du comité. Le wagon-salon «Chez Rose» est déjà monté préalablement aux Diablerets ; les TPC veulent être certains qu’il y fera assez chaud. Que d’égards ! Une collation est servie à ces dames par un juge de paix et un juge à la Cour des droits de l’homme. S’en sont-elles rendues compte ? Il a neigé toute la nuit, maintenant le ciel est bleu, quel spectacle !

Arrivées à proximité de la Maison des Congrès, grosses bagarres dans la neige. Façon la plus rapide de rendre des noires, toutes blanches ! Ce n’est pas valable pour les notes de musique…

Avant d’entrer dans le temple, Brigitte dit à Gérard, en louchant : – si je fais comme ça, c’est que je ne sais plus où j’en suis!

Lors d’un récital de piano dans le temple, toutes les places à gauche sont réservées.

Une dame insiste ; elle veut voir les mains du pianiste.

– Ecoutez Madame, le pianiste joue sur un piano pour gaucher !

Entre autres, deux hommes font des claquettes. Ils ne sont que champions de monde : les frères Surbeck !

Gérard Wyss, pianiste, nous amène deux jeunes musiciennes pour le moins prometteuses : Patricia Kopachinskaya, violoniste et Sol Gabetta, violoncelliste.

Si la seconde est extrêmement affectueuse, la première est habillée d’une très belle robe rouge, mais il faut avouer que les chaussures ne sont pas adaptées. On ne saura qu’après que Patricia joue toujours pieds nus !

Le temps de ce samedi est très ensoleillé. Les quatre musiciens arrivent de Paris : – C’est un rêve ! Les deux violonistes désirent faire du ski de fond. Aïe, c’est la première fois ! Matériel loué, Solange Wacker fait la boucle avec eux. Que de rires, malgré quelques chutes heureusement sans gravité : – Si on avait pas un concert ce soir, on referait une boucle !

Cela vaut bien une exposition, d’autant plus que tant l’auteur Charles-Ferdinand Ramuz que le compositeur Igor Stravinski ont séjourné aux Diablerets ; ce dernier y a d’ailleurs composé sur l’établi du menuisier qui lui louait le chalet.

Pour l’exposition, il fallait rencontrer la fille de Ramuz. Rendez-vous est pris ; elle reçoit en jeans, du rouge aux lèvres. Toutes les dames de nonante ans ne sont pas aussi coquettes !

– Ma femme de ménage est là ; je suis obligée de vous recevoir dans le bureau de mon père.

Quelle découverte. On a le sentiment que l’auteur de notre Histoire vient de sortir fumer une cigarette et qu’il va réapparaître. Non, sans sa cape noire, car elle est pendue à un clou du bureau ! Nous venons d’apprendre que ce bureau sera maintenu dans la maison de la Muette à Pully.

A la fin des concerts, on n’offre pas de bouquets de fleurs qui encombrent les bagages, mais un pot de miel d’ici … ou du Bitter Diablerets !