La Grande Symphonie de Poche

Il y a quelques années, j’avais souri à la lecture d’une lettre de Mozart dont le ton laissait entendre qu’il piaffait d’impatience à l’idée de voir achevée l’adaptation de l’un de ses opéras pour un octuor à vent. L’été approchait alors et il comptait sur des concerts de plein air pour se faire de la publicité à moindre coût. Le même Mozart poussera d’ailleurs l’audace jusqu’à se citer lui-même dans le final de Don Giovanni, au cours duquel le même octuor joue sur la scène un air des Noces de Figaro. Leporello, le domestique, lâche alors en souriant « Celui-ci, je ne le connais que trop ! »

S’agissant des symphonies de Beethoven, si les diaboliques transcriptions de Liszt pour piano sont déjà entrées dans l’histoire, il peut arriver au mélomane fureteur de tomber çà et là sur de magnifiques versions pour formations réduites signées Singer, Sitt, ou, tout de même plus familier, Hummel. Le concept de miniaturisation en musique ne date donc pas d’hier. Une occasion de préciser la démarche qui a mené à ce concert d’apparence singulière.

La Grande Symphonie de Poche poursuit une tradition qui a connu son apogée dans les salons du XIXe siècle avec de nombreuses transcriptions, fantaisies, variations sur tous les opéras à la mode. Un moyen de retrouver les airs entendus au théâtre d’une manière plus originale qu’avec la seule réduction pour piano. Elle répond aussi au désir de porter la musique symphonique dans des endroits qui lui étaient jusqu’à présent inaccessibles pour des raisons évidentes de place.

Il revient alors à l’arrangeur de relever le défi, afin que le caractère et les intentions du compositeur soient respectés. Il s’agit donc moins de proposer une vision originale de ces œuvres célèbres que d’exploiter à leur paroxysme les possibilités expressives des instruments choisis ; les musiciens devront se surpasser pour briser le plafond de verre de la musique de chambre ; en un mot, se faire Orchestre.

Joachim Forlani